Sāq al-bāmbū est un des romans de l’écrivain koweïtien Sa’ūd al-San’ūsī qui a conquis les lecteurs arabes. Publié en 2013, il raconte l’histoire d’un jeune filipino-koweïtien, José, qui cherche à trouver sa place dans le monde. Sa mère s’est mariée avec le jeune maître de la maison où elle travaillait comme domestique et a donné naissance à un garçon, le narrateur. Séparés par le manque d’acceptation du mariage par la famille paternelle et ensuite par la guerre, la maman quitte le Koweït avec José. Un jour, après le décès de son père, il revient au Koweït et découvre le monde de ce dernier. Ce roman traite beaucoup des questions sociales au Koweït : les rapports entre la population locale et les travailleurs étrangers, les personnes “bidun” nés au Koweït sans nationalité, et l’importance de la réputation d’une famille. Il est écrit avec une belle plume et ses personnages sont très attachants. En 2016, le livre a été adapté en série télévisée.
Un extrait du roman :
في الوقت الذي كانت فيه والدتي على وشك أن تكون نسخة عن خالتي آيدا بمصيرها البائس، جاء إلى منزلهم أحد جيرانهم يحمل قصاصة من جريدة فيها إعلان من وكيل في مانيلا يعلن عن استعداده لاستقبال طلبات الراغبات في العمل في الخارج، ليتم توزيعهم على مكاتب العمالة المنزلية في دول الخليج. التقطت والدتي القصاصة من يده وكأنها تحمل صك الإفراج من سجن محتمل قضبانه أجساد الرجال الجائعة. كان جدّي وخالتي آيدا ينظران إلى والدتي والجار بصمت. في ذلك الوقت كانت والدتي تفكر في شراء حقيبة السفر واحتياجات الغربة، شطّت بخيالاتها بعيدا قبل أن يتم قبولها، ولكن، لم يترك لها حامل الخبر متسعا من الوقت تبني فيه مزيدا من الآمال حين قال: “لكن…!”. التزم الجميع الصمت، ليتم جملته: “يستوجب عليكم دفع مبلغ من المال للوكيل كشرط لقبول الطلب!”، وأخذ يتحدث عن التفاصيل والمبلغ المطلوب. صُعق الجميع حين سمعوا الرقم من الجار، فلم يكن بمقدور العائلة توفير مثل هذا المبلغ. اختفت خالتي آيدا في غرفتها، وبكت والدتي حظها في حين تعالى صوت جدّي: “كفّي عن البكاء واستعدي للعمل كما خططت لكِ”.
al-Sanʻ ūsī, S. (2012) Sāq al-bāmbū (1re éd.). Arab Scientific Publishers, Inc.
ISBN : 9786140105232
Ma traduction :
A l’époque où ma mère a failli reproduire le destin misérable de ma tante Aïda, un des voisins est venu à la maison portant un bout de journal. Sur celui-ci figurait l’annonce d’une agence à Manille qui préparait à accueillir les demandes de ceux qui souhaitent travailler à l’étranger, pour qu’elles soient diffusées aux bureaux d’emploi des domestiques dans les pays du Golfe. Ma mère a pris l’annonce dans sa main comme si elle portait un ticket de sortie de prison dont les barrières sont érigées par les corps affamés des hommes. Mon grand-père et ma tante Aïda regardaient ma mère et le voisin en silence. A ce moment-là, ma mère pensait à l’achat d’une valise et le nécessaire pour migrer. Elle s’est évadée loin dans son imagination avant d’accepter l’idée d’émigrer, mais le porteur de la nouvelle ne lui a pas laissé le temps d’ériger ses espoirs en l’interrompant : « mais… ! ». Tout le monde s’est tu. Il a terminé sa phrase: « il faut que vous payiez une somme à l’agence comme gage à votre demande ! » Il a commencé à parler des détails et la somme demandée. Ils étaient tous choqués quand ils ont entendu le chiffre annoncé par le voisin car ils n’étaient pas capables de fournir une telle somme. Ma tante Aïda a disparu dans sa chambre, et ma mère a pleuré son sort quand la voix de mon grand-père a tonné : « arrête de pleurnicher et prépare-toi à travailler comme on l’a planifié pour toi ».
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